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Publicado el 11 de julio 2010
Depuis très très longtemps, je me disais qu'un jour j'irai à l'Ile de Pâques. En arrivant au Chili, là, c'était sûr, j'irai.... Bon a y est, j'y suis allé :), 2 fois en 2 semaines. Il a juste fallu attendre 10 ans.
La première fois nous avons séjourné 4 jours sur l'ile, et le séjour a terminé par l'observation de l'éclipse partielle de lune du 26 Juin. La seconde, nous avons fait l'aller retour dans la journée pour l'éclipse totale de soleil du 11 Juillet.
Visite de l'ile et éclipse de lune.
Nous avons profité des promotions de LanChile et de la saison basse, pour prendre un package comprenant le voyage, 3 nuits sur place, demi pension et les tours...
L'Ile de Pâques a une réputation d'ile du bout du monde, et elle n'est pas usurpée. Sa caractéristique principale est bien sûr ses Moaïs, ces grandes statues qui expliquent que soit les gens à l'époque étaient assez moches, ou que les sculpteurs étaient assez mauvais, ou les deux.
L'Ile est relativement petite, et en trois jours on peut voir l'essentiel. Il y a une ville, Hanga Roa, et en gros en une heure de voiture on peut faire le tour. Le plus simple est de lire cette page pour avoir quelques idées sur l'ile et son histoire. La page en question possède apparemment quelques inexactitudes mais dans l'ensemble est correcte.
Notre voyage a eu lieu a la pleine lune de Juin (normal nous ne prenons du temps libre qu'à la pleine lune), soit 15 jours avant l'éclipse totale de soleil du 11 Juillet. Et justement, à la date de l'éclipse partielle de lune que nous avons pu observer. Ceci nous a permis de visiter l'ile sans avoir 3000 personnes sur place, ce qui sera le cas pour l'éclipse de soleil.
Le voyage entre Santiago et l'ile de Pâques dure 4 heures, ce qui passe assez vite (lorsque l'on est habitué aux 13 heures pour aller en France). Survol de nuages et encore des nuages. Aterrissage sur une des plus grandes pistes d'avion au monde, vu qu'elle a été modifiée il y a pas mal de temps pour servir de piste de secours pour la navette spatiale américaine. Lorsque l'avion touche le sol, il faut encore 5 minutes pour aller au bout de la piste et revenir au terminal. Le nom de l'aéroport est Mataveri. Récupération des bagages, passage devant un chien détecteur de drogue, accueil par une personne de l'hotel, avec collier de fleur. Bon ça fait touriste, mais c'est cool quand même d'autant plus que les fleurs sentent super bon. Ici dans le désert, les odeurs sont rares.
Nous avions réservé à l'hotel Vai Moana, de Vai qui veut dire mer et Moana qui veut dire bleue, bref on était à l'hotel des flots bleus. Tain, au moins Vai Moana, ça fait moins touriste de base... :)
L'hotel est un peu excentré, les chambres propres, relativement sommaires, mais bien. Il y a internet seulement à la réception et seulement jusqu'à 22 heures. Le jardin est typique du coin, palmiers, bananiers et plein d'autres arbres fleuris. Les petits déjs étaient assez ordinaires, et les repas du soir bien.
Ici une vue de la ville de Hanga Roa, qui montre un peu à quoi elle ressemble.
Durant les journées nous avons eu trois tours, un premier d'une demi journée (l'après midi de notre arrivée), un tour d'une journée et un autre tour d'une demi journée. Ensuite nous avons été observer l'éclipse, puis départ la même matinée vers Santiago. L'ile est quand même un endroit assez extraordinaire, d'une part elle ressemble certaines fois (notre voyage correspond bien sûr à l'hiver local) à des paysages écossais, certaines fois au bocage normand, et quelques fois à l'idée que l'on se fait d'une ile tropicale avec ses plages de sables blancs, palmiers etc... Elle est marquée par les différentes époques, les moais que l'on voit partout, mais aussi des faucons crécelles, que les anglais avaient introduits alors qu'ils élevaient des moutons, des rats (que les pascuans ont apportés avec eux) et surtout, mais plus récemment, énormément de chevaux à l'état libre (sinon sauvage ?). Il y a de nombreux arbres fleuris, c'est très agréable. Nos tours ont été guidés par Richard, un guide français qui est sur l'ile depuis 25 ans, et ensuite par Cathy, une anthropologue suisse qui a passé ses 27 dernières années sur l'ile à étudier son histoire. Les deux très sympas et compétents.
Je ne vais pas décrire ici l'histoire de l'ile (voir la page web plus haut). Tout le pourtour de l'ile possède des moais, mais la grande majorité ont été renversés. Seulement certains sites ont été restaurés, et encore apparemment dans certains cas un peu approximativement. Le premier site que nous avons visité était Puna Pau, la carrière des pukaos, c'est à dire une carrière avec une pierre assez rouge qui servait à faire les "chapeaux" des moais.
Que ce soit à la carrière principale (Ranu raraku) il semble que tout se soit arrêté d'un coup. Comme si les ouvriers avaient décidé d'arrêter un soir à 17 heures. Sans jamais plus revenir.
Nous avons visité un autre site, avec 7 moais dressés Ahu Akivi.
Sur la photo un truc que je n'avais jamais remarqué. Sur le premier moai à gauche, on voit les bras et les mains sur le ventre. En fait tous les moais sont ainsi, avec les mains sur le bas ventre.
Certaines fois, il y a des nanas devant les moais, c'est pour faire plus touristique.
Bon, si on peut pas rigoler...
On voit la dégradation des moais à cause des intempéries. Des travaux sont en cours pour protéger la pierre et pouvoir les conserver pour les générations futures.
La base des statues s'appelle un Ahu (ahou ) et l'ensemble avait à la fois une signification religieuse et totemique (chaque famille ou clan avait ses moais). On imagine qu'ils ont au départ été faits pour célébrer les ancêtres, et qu'il y a eu comme une fuite en avant, les premiers faisant 1m de haut, les suivants, 1.2, et mon grand père il était mieux que le tien, 1.4m, puis mon grand père d'abord il était flic, 1.6, et ainsi de suite jusqu'à 20m de haut pour le plus grand jamais taillé. On imagine aussi comment les gens se sont enfermés dans ce cercle vicieux et ont terminé par épuiser toutes les ressources de l'île dans ces rites, qui en fin de compte ont terminé leur civilisation, alors qu'ils avaient tout pour vivre tranquille sur place. Il y a toute une évolution dans le style des moais, non seulement au niveau de la taille, mais aussi au niveau de la finesse du trait. Les plus beaux et les plus récents sont ceux de la carrière. Idem les plus anciens n'ont pas de chapeaux, les plus récents, si.
Dans plusieurs parties de l'ile il y a des tunnels de lave (en gros la lave, liquide s'est refroidi au contact du sol, et à la surface, au contact de l'air, et donc a formé des tunnels une fois la lave écoulée). Ces tunnels d'une part servaient d'abris, et d'autre part de réserve d'eau.
Ici la grotte dite des "bananiers".
Ici on voit le fond de la grotte et l'eau que les gens récupéraient.
Le soir de cette première journée nous avons été voir un spectacle de danse locale, je sais, touristique, mais quand même à faire, et bien sympa, et le repas aussi. L'endroit s'appelle "le bout du monde" et est géré par un pascuan marié à une belge. Le spectacle s'appelle Matatoa.
L'impression générale est un mélange de danses tahitiennes, version néozélandaise, version musique moderne (guitare électrique). Maintenant comment dansaient et chantaient les pascuans du 15ème siècle par exemple ?. Difficile à dire. Ca n'enlève rien au charme du spectacle, mais il est évident qu'étant isolés pendant des siècles, il est peu probable que le spectacle reflète réellement ce qu'aurait pu être un spectacle traditionnel de l'époque. Ici (désert d'Atacama), on a un peu le même phénomène, à savoir des indiens locaux qui ont complétement perdu leur culture, mais qui, lorsqu'ils font des fêtes entre eux entonnent des chants qui ressemble beaucoup aux chants des indiens d'Amérique du Nord (i.e. comme dans les films de John Wayne), et il est peu probable qu'ils soient réellement d'origine....
A la fin du tour, il y avait une séance de photographies avec les danseurs et danseuses.
Ale a été, comment dire, "positivement impressionée" par les danseurs. Moi, chais pas pourquoi, plutôt par les danseuses.
En tout cas une très bonne soirée. Nous sommes rentrés à pied (pas très loin), et passé près du cimetière.
Plusieurs tombes ont des petites lumières, que soit les gens allument le soir, certaines ont une petite lampe fonctionnant à l'énergie solaire. La lumière brillante sur la gauche est un bateau dans la rade. Sans être le cimetière de Sètes, un cimetière bien sympa, si on peut dire.
Le lendemain a été une journée entière à visiter l'ile et comme nous étions en période creuse, nous avons pu avoir un tour privé, un chauffeur et Cathy notre guide. Nous avons visité différentes parties de l'ile.
Les explications étaient très interessantes, mais malheureusement, mon grand âge, et la mémoire qui commence à défailler :) fait que je ne me souviens plus réellement des noms locaux. Nous avons visité un premier site où les moais étaient tombés, mais qui permet de voir comment les choses étaient faites.
On voit ici la roche rouge d'un pukao. Des sites comme celui çi, il y en a des dizaines tout autour de l'ile.
Nous avons ensuite visité ce qui est certainement un des lieux les plus visités, Ahu Tongariki. Ce site a été complétement détruit lors du tremblement de terre de Valdivia (le plus fort jamais enregistré en 1960) et surtout du raz de marée qui s'en ai suivi. Certains moais ont été déplacés de plus de 100m, ce qui donne une idée de la violence du raz de marée. Dans les années 1990 une entreprise japonaise (Tadano) a réinstallé les 15 moais du site.
Il y en a eu des générations...
Un seul des moais a un pukao (chapeau, quoi...) et apparemment, ce n'est pas le bon.
D'aillleurs on voit bien qu'il fait un peu la gueule...
Nous avons ensuite visité Rano Raraku, qui est la carrière où les statues étaient taillées à même le roc. Plusieurs photos suivent.
Ces statues étaient soit partiellement, soit complétement enterrées et ont été redressées. A nouveau on voit que le carnet de commande était plein et que les ouvriers se sont barrés du jour au lendemain.
Celui là est encore en train de se demander pourquoi ils l'ont laissé ici.... Celui derrière fait carrèment la gueule..
Ici un peu plus haut, on voit, à même la roche 2 moais qui étaient en cours de taille. Imaginer tailler de la pierre, avec une hache de pierre, un peu plus dure, et le nombre de jours de travail pour sortir des statues aussi grandes.
Nos deux compères avec un éclairage un peu différent. On voit en haut la roche d'où étaient sortis les moais, ensuite il fallait les descendre (sans les faire tomber), et ensuite les déplacer, certaines fois à l'autre bout de l'ile, soit presque 20km. Ca reste quand même snobant.
Une vue un peu plus générale, avec sur le haut la roche, on voit des pans de roche d'où certains moais ont été faits.
vue d'un peu plus haut, avec vue sur la mer
Bon, là il y en a un qui mate la route....
Vue des moais de l'Ahu Tongariki depuis la carrière.
La même mais vue au télé de 500mm, des 15 moais depuis la carrière.
Nous avons terminé l'après midi sur la plage d'Anakena, au nord de l'ile. C'est peut être le seul endroit de l'ile qui ressemble à l'image que l'on a d'une ile de l'océanie, sable blanc, cocotiers, et en plus des moais.
A droite un moai qui a été redressé par des pascuans pour montrer à Thor Heyerdahl (le monsieur du Kon Tiki) comment ils dressaient les moais.
Une vue depuis de la cocoteraie depuis la plage.
Sur cette image, on voit nettement une touriste chilienne en train de faire tomber un palmier en s'appuyant dessus.
Une autre vue, avec l'eau claire de l'océan. J'imagine que le 11 Juillet, il y aura un peu plus de monde sur la plage, je ne sais pas pourquoi... Sauf s'il pleut :) La prochaine fois on ira en été et on fera un peu de plongée. Ca donne envie.
Le lendemain nous avons eu un tour l'après midi où nous sommes allé au volcan Ranu Kau qui se trouve à l'est de l'ile. Une autre bien belle visite, malgré le temps un peu venteux.
Une bien belle structure, avec un marais au fond.
Nous avons même eu droit à un petit arc en ciel.
Vue depuis le même site des ilôts de Motu Nui, Motu Iti et Motu Kao Kao. Elles ont une signification bien précise pour les pascuans. Dans leurs derniers temps, il y avait une compétition ( Tangata Manu ) entre les différents clans, et un jeune de chaque clan devait nager jusqu'à une des iles, revenir avec un oeuf de Manutara (un oiseau local, disparu depuis) et le ramener à Orongo, un petit village près du volcan. Sans casser l'oeuf bien sûr. On décidait alors du "meilleur clan" de l'ile. Comme quoi le sport a toujours eu en lui la capacité de générer des compétitions, puis des guerres :).
La dernière nuit était la nuit de l'éclipse partielle de lune du 26 Juin. Ca tombait bien c'était justement le 25 Juin qu'on a décidé de louer une voiture (la même qu'on a déjà réservé pour l'éclipse de soleil). Je me suis levé à une heure du matin, le ciel était couvert, il venait de pleuvoir. A 2 heures du mat, c'était un peu mieux, je me suis remis au lit, puis me suis relevé en me disant que si on n'allait pas l'observer, c'était pas demain qu'on le ferait. Donc on a chargé les sacs, et zou, dans la voiture. On a un peu mis de temps pour trouver la bonne route. On avait décidé d'aller observer l'éclipse depuis la plage d'Anakena, Cathy nous ayant dit qu'il y avait un micro climat. Sur le chemin il s'est mis à pleuvoir dru, microclimat, microclimat.... chte jure. Finalement arrivé au parking la pluie a stoppé. Nous sommes descendu et j'ai positionné mon 5DII devant les moais, en calculant où était la lune (à travers les nuages), et où elle serait en fin de nuit, tout en ayant les moais sur la photo, etc... J'ai lancé l'intervallomètre, trois poses toutes les 2 minutes, avec à chaque 2 minutes, une pose de 1/8ème de seconde, une pose de 1/2 seconde et une pose de 2 secondes. Stéphane Guisard m'avait montré qu'en mettant l'appareil en mode rafale, et en utilisant le mode bracketting, on peut sortir trois images à chaque coup. Le but était d'avoir une image où l'on pourrait voir la lune (non en fait, surexposée), et une image avec les moais bien visible (ce qui a été le cas). Il y a eu des nuages pratiquement toute la nuit, mais pas de pluie. J'ai monté les images posées 2 secondes dans un film que voili, que voilà. Belle éclipse de lune par les nuages. L'animation fait 6Mo, juste pour dire, donc normalement, elle met un certain temps pour charger.
Pendant que tout ça tournait tout seul, on a eu tout le site pour nous deux, aussi, tous seuls. Le pied, d'une part d'être à l'ombre des moais, d'aller se ballader sur la plage, de prendre une paire d'images de la lune éclipsée, de se manger un ti foie gras arrosé d'un jurançon (on n'est quand même pas des sauvages), de se faire surprendre par une horde de chevaux sauvages. La température était bonne et même si l'éclipse n'a pas été vraiment fantastique, on a passé un super moment en amoureux (qu'on est encore, malgré l'âge qui avance). Ceci étant on n'a pas pris de bain de minuit, parce que j'aime pas me baigner et ensuite ne pas pouvoir me doucher, ni rien d'autre, parce qu'on a passé l'âge d'avoir du sable dans la raie :).
Sur la photo à la droite du dernier des moais (à droite) on voit mon trépied photo. Il est de l'autre côté de la barrière, c'est normalement interdit, et j'imagine que pour l'éclipse de soleil, les places seront chères et qu'il y aura des gardes pour interdire toute transgression.
Vue au fish eye.
Quelques images de la lune, à main levée, au télé de 500mm et le Canon 5D défiltré.
Image surexposée, avec des nuages et un reflet du au téléobjectif.
Sans avoir eu le temps de dormir, nous avons plié bagage au crépuscule, puis sommes allé revoir les 15 moais, rendre la voiture, faire les bagages et départ vers l'aéroport.
On peut dire qu'on a vu l'ile de pâques. 4 jours est vraiment un minimum pour commencer à appréhender un peu cette endroit magique. Je reste un peu pensif devant tout ça. D'une part, parce qu'avec leurs statues, ils nous ont laissé une preuve de leur vie un peu comme les pyramides ailleurs, ou les cathédrales du moyen âge. Je ne sais pas trop ce que l'on va laisser aux générations futures, à part une terre, une mer et une atmosphère pourrie. D'un côté l'ile de Pâques est un peu en miniature ce qui est en train de se passer à nettement plus grande échelle sur toute la Terre. Tout le monde parle d'écologie, et tout le monde continue à contribuer à l'écophagie. On épuise au fur et à mesure toutes les ressources, on ne diminue en rien notre consommation ou notre démographie. On se fixe sur des points de détails, on parle de réchauffement climatique, qui n'est qu'une conséquence de la surpopulation monstrueuse. Surtout, comme les pascuans, on n'est pas en mesure de s'adapter aux changements nécessaires, on n'a pas du tout la structure politique pour modifier ce qui doit être modifié, on dépense une énergie dingue dans des choses inutiles (l'armement à la place de l'éducation, etc...) donc on file droit dans le mur. Un jour il y aura des gens qui viendront sur Terre pour visiter ce qu'avait été notre civilisation, ils repartiront tout aussi pensif que moi.
Iorana - Texte écrit le 8 Juillet, à quelques jours du second départ.
Eclipse totale de soleil du 11 Juillet.
J'ai passé quelques jours avant le départ à préparer l'instrument que j'allais emmener, à penser comment l'alimenter, comment j'allais observer l'éclipse, à remettre en état la caisse de la monture, à trouver un emballage pour le pied, à me faire une boite à outils de dépannage, penser aux accessoires indispensables, peser tout ça pour arriver à moins de 46 Kg ( 2 fois 23, le maximum par personne). J'ai, en fait avant le premier départ, commandé une feuille de mylar chez OPT. Envoyée par UPS pour arriver à temps, elle a coûté 35 dollars et 105 dollars d'envoi. Grrrr. Elle n'est arrivée à Calama que trois jours avant le départ. Bref le 10 Juillet au matin, lever de bonne heure (mais pas grave, je n'avais pas eu le temps de dormir, donc le réveil n'a pas été difficile), départ en transfert sur Calama, avion Calama Santiago, arrivée vers les 15 heures. Rendu chez ma belle soeur, pour déposer les bagages, quelques courses en ville, le temps d'acheter un disque dur interne de 500 go, en prévision des nouvelles images, et d'acheter 10 m de câble électrique. Dans la soirée, j'ai Guillaume Blanchard au téléphone, un peu déprimé, ils ont passé la journée avec une tempête, vent, pluie en continu, ça ne s'annonce pas très bien. Repas dans un restau italien, retour à la maison, et montage de la Taka sur le balcon afin de vérifier que tout est là, et de modifier une prise d'allume cigare de voiture, de façon à alimenter l'EM200. Tout marche, je vais au lit pour quelques heures, lever à 4 heures, taxi pour l'aéroport, départ à 6 heures, arrivée à Hanga Roa à 10h30 du matin. Il y a plusieurs avions sur le tarmac, très rare pour l'ile de Pâques. Le ciel est partiellement couvert, avec disons 60% de ciel bleu. La pluie a arrêté seulement à 4h du mat et tout est détrempé. Nous avons un peu de mal à trouver un taxi libre, qui nous emmène à l'hotel où nous avions loué une petite Suzuki pour la journée (au double du prix habituel, mais bon, jour d'éclipse, presque normal). Le plan était d'aller sur la route entre Anakena (plage du Nord de l'ile), et Tongariki (au sud de l'ile) de façon à pouvoir se déplacer au dernier moment s'il y a une chance, quelque part, d'avoir un peu de ciel bleu. Cathy (notre guide de la visite précédente), nous appelle sur le portable et nous recommande de rester plutôt assez près d'Hanga Roa, peut être sur la route d'Ahu Akivi (les 7 moais). Nous passons en ville, acheter un tshirt de l'éclipse, et direction des 7 moais, nous décidons d'aller voir la quantité de gens. La route est boueuse, et le petit 4x4 est bien utile. Arrivés sur place, finalement il y a une petite foule (peut être une cinquantaine de personnes, principalement un groupe d'observateurs espagnols, avec leur drapeau, et une transmission en live de l'éclipse), et nous décidons de nous y installer, en mettant la voiture sur le parking, et le télescope à l'intérieur de l'enceinte, mais à moins de 10m, pour cause de fil électrique d'alimentation. Les gardes de la CONAF (les "eaux et forêts" chiliens) ont réservé l'endroit pour les astronomes amateurs, il y a des dizaines de pieds photos, téléobjectifs et petits télescopes en tous genres. Nous montons la monture et la lunette, en faisant attention, parce que la terre est boueuse, et chaque transfert de matériel peut se terminer le cul par terre dans la boue. La lunette est prête 20 minutes avant le début de l'éclipse, mylar en place, Canon 5D MarkII à l'autre extrémité. Intervallomètre monté sur le boitier, 2 petits sièges de camping, 2 "viseclipse" (verres de soudeurs montés dans un cache carton), et une paire de jumelle 12x30 stabilisée de chez Canon. Nous faisons un peu un tour du coin, il y a plusieurs japonais, et plusieurs personnes d'un groupe shelios
Quand on voit ces nuages durant la phase partielle, on se dit que c'est pas gagné...
Le petit groupe des observateurs au pied des 7 moais. J'avais décidé de me concentrer sur la phase totale de l'éclipse, au foyer de la lunette, et donc je n'ai pas fait la carte postale avec les moais et l'éclipse totale en grand champ. J'avais peur qu'au dernier moment il faille tout remballer pour aller une paire de kilomètres plus loin.
La phase partielle est pas mal nuageuse, mais de temps à autres, on peut voir le soleil, et la lune qui le grignote. Je lance l'intervallomètre avec une pose de 1/1000ème de seconde toutes les minutes. En recentrant un peu la monture à chaque fois, l'alignement polaire à la boussole, c'est pas vraiment précis, la lune dérivait vers le haut du champ (donc le bas), bref, j'ai tenté quelques variations, mais j'ai toujours eu cette dérive. 10 minutes avant le second contact, il y a un grand pan de ciel bleu devant nous (le vent souffle du sud) et je sais que l'on va voir la totalité sans problèmes. Raaaahhhhhh..... C'est ma 6ème éclipse totale (Mexique 1991, Chili 1994, Venezuela 1997, putain d'éclipse couverte de France 1999, Zambie 2001 et celle là). Les 5 dernières minutes sont l'entrée dans la phase de folie, nous sommes baignés dans cette lumière étrange, difficile à décrire à quelqu'un qui ne l'a pas vécue. C'est un crépuscule court, mais neutre. Un crépuscule, normalement, le soleil rougit, et la lumière est différente. Là la lumière diminue d'un instant à l'autre, mais la couleur reste neutre. Quelqu'un annonce "un minuto", le soleil n'est plus qu'un très fin croissant, j'enlève le filtre mylar, je mets ma lampe frontale, je met le boitier en live view (parce que sinon en déclenchant le relevage du miroir fait vibrer la lunette, j'ai eu le temps de vérifier ça sur la lune) je prends l'intervallomètre à la main comme déclencheur souple, l'autre main sur la molette des temps de pose, et ça y est au dessus de nous, on a le premier diamant. Difficile, en écrivant ça le lendemain, de rendre l'ambiance, tour à tour Vénus, Mercure, Régulus et plusieurs autres étoiles apparaissent dans le ciel, et au dessus de nous, nous les observateurs et eux les moais, qui paraissent étonnés, il y a ce soleil qui n'en est plus un, réduit à un halo délirant, seule source de lumière dans le bleu foncé du ciel. J'enchaine les poses, changeant les temps de pose, tout en regardant en haut. J'ai le temps de regarder aux jumelles, dedieu ce que c'est beau. On voit les protubérances, et tous les filaments de la couronne. J'en pleure. Je reprends ma séquence de poses, allant jusqu'à 8 secondes, surexposant la couronne, mais pour voir la lumière cendrée de la lune. Alejandra est en extase, c'est sa première totale. Moi pas moins, et c'est vraiment bien d'être ensemble. Un gros nuage s'approche, mais l'éclipse totale se termine bientôt, second diamant, troisième contact, et le nuage mange le soleil, s'irisant au passage, ouaaahhhhhh....
L'éclipse totale est terminée, ça passe vite 4 minutes 40 secondes de bonheur intégral. Je remet le filtre mylar, je relance l'intervallomètre, même s'il shoote le nuage, je respire. Tout le monde est super content, surtout au vu de la faible probabilité qu'on avait de bien la voir, tout s'est super bien passé. En moins de 5 minutes le ciel redevient normal, les chevaux dans un pré proche de là cavalent en tournant en rond, contents que le soleil soit revenu. Les espagnols sont en extase, champions du monde, champions de l'éclipse :). Moi aussi, la France a été la première à terminer le mondial, champion du monde à l'envers, et cette crétinerie est enfin terminée. Je continue à imager la phase partielle partiellement visible. Puis démonte le boitier de la lunette, pour un premier examen des images, qui semblent toutes bonnes. C'est bien. Nous rangeons le télescope dans les boites et valises, repassons à l'hotel pour nous laver un peu. Je tente de me connecter sur internet, mais ça rame au possible. Il semble qu'il y a 2800 touristes qui tentent de faire savoir au reste du monde qu'on l'a vue... Nous repartons, direction Anakena où Stéphane Guisard termine ses time lapses en grand champ, puis retournons vers Hanga Roa où nous retrouvons Guillaume pour un coucher de soleil sur le Pacifique, puis départ aéroport, où nous croisons Dominique Proust et madame. L'avion décolle un peu plus tard que prévu, mais bon, rien de grave j'ai les images dans la carte mémoire, et les images dans ma mémoire. Nous arrivons à 3h30 à Santiago, il fait un froid de canard. Nous récupérons les valises, trouvons un troquet à moitié fermé, mais où il y a une prise électrique, je transfère les images sur le PC tout en discutant rapidement avec Christophe Demeautis et Cyril Cavadore. A 4h nous pouvons enregistrer de nouveaux les bagages pour Calama, autre troquet et je commence à traiter un peu, sommairement les images, refile d'attente à 6h30, départ, et arrivée à Calama à 9h, tranfert final, et arrivée à la maison à 10h30. Je rédige ce texte, et dodo pour l'après midi. Je ne poste que les 3 premières images, les plus faciles à sortir, les autres vont nécessiter un traitement plus approfondi.
La même image, passée en noir et blanc et traitée pour faire mieux ressortir les jets de la couronne. A gauche du soleil une petite étoile, mais pas n'importe quelle étoile, il s'agit de delta des gémeaux, de magnitude 3.5. Si cette étoile ne vous rappelle rien, c'est l'étoile à côté de laquelle Pluton fut découverte en 1930...
Cette dernière image est une pose de 8 secondes pour montrer la lumière cendrée de la lune. Trois des quatre images sont cliquables pour avoir un plus grand format, mais elles sont bien comprimées et ne prennent qu'une centaine de kilooctets, je vous les recommande vivement.
Voilà l'éclipse est terminée, la suivante, je ne sais pas quand, je sais juste qu'il y en aura une...
L'image qui suit a été traitée par Jean Luc Dauvergne, sous photoshop à partir de 7 images prises en succession avec des temps de poses croissants, de façon à montrer à la fois la lumière cendrée, les protubérances et les jets de la couronne. Cliquez sur l'image pour bien la voir en entier (1Mo)
Post éclipse....
La vie reprend, on pense à l'éclipse suivante, etc.. pour l'instant il fait froid et les tours ne sont pas agréables. Durant ce mois de Juillet nous avons atteint notre record de température pendant un tour avec -11°, -18° en fin de nuit. Jean Luc a continué les traitements et l'image çi dessus a eu l'honneur de Ciel et Espace (page du jour le 13 Juillet, puis le 14 Juillet), puis grosse surprise, de l'apod (astronomy picture of the day) le 21 Juillet.
Entre temps Jean Luc a continué ses traitements, pour aboutir par exemple à ce genre d'image qui est (à mon humble avis) très belle. Les points brillants sont les étoiles du champ autour du soleil. Cette image a été crée grâce au logiciel Photomatix .
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